Site archéologique Utique
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Situé à une trentaine de km au Nord de Tunis, la prestigieuse cité antique d’Utique, aujourd’hui desservie de la route nationale GP8 par une bretelle au départ de l’Utique moderne, est l’un des tout premiers comptoirs phéniciens, probablement fondé vers 1101 avant J.-C. Elle serait de fondation libyque même si les témoignages archéologiques actuellement connus ne remontent pas au-delà de la fin du VIIIe et début du VIIe s. av J.-C. Sa fondation s'inscrit dans le cadre des activités commerciales des Phéniciens de Tyr qui étaient d'excellents marins et fondateurs d'autres villes dont la plus célèbre demeure Carthage.
Aînée de Carthage, Utique joua longtemps le rôle de capitale pour les colonies phéniciennes du bassin occidental de la Méditerranée avant d’être éclipsée par sa voisine fondée à la fin du IXe siècle avant J.-C. mais rapidement montée en puissance. Associée, parfois malgré elle, au destin de sa voisine, la ville connut des périodes fastes et des heures sombres. Restée indépendante jusqu’au début du Ve siècle, Utique fut annexée par Carthage après sa défaite à Himère, en Sicile, en 480 avant J.-C. qui la contraignit de coloniser l'arrière-pays. Utique conserva toutefois une certaine autonomie.
Mais, au tournant décisif de la confrontation entre Carthage et Rome, elle se rangea du bon côté, ce qui, en 146 av. J-C., lui valut, après la défaite finale des Carthaginois, le privilège de se voir accorder le statut de cité libre et de redevenir, pour plus d’un siècle, la capitale de l’Afrique romaine. Promue municipe romain en 36 avant J.-C. par Octavien, elle devint colonie sous Hadrien (117-138) et obtint, à l’instar de Carthage et de Leptis Magna, le droit italique sous Septime Sévère (193-211). Ce droit lui conférait le privilège de l’immunité au même titre que les cités d’Italie.
Àl’époque chrétienne, Utique est célèbre par l’affaire appelée Masse Blanche (Massa Candida),nom par lequel on désignait la foule de chrétiens qui, à la suite d’une émeute populaire réprimée par la police le 10 août 258, avaient été tués à Utique même. Cette foule fut désignée par le terme Masse Blanche, parce que les cadavres, environ 300, avaient été jetés dans une fosse commune pleine de chaux blanche.
Après avoir vécu des périodes de grande prospérité dont témoignent le raffinement des vestiges ayant survécu à l’usure du temps, Utique a connu un déclin progressif mais sans appel après le début du retrait de la mer repoussée par l’apport des alluvions de la Méjerda.
Rares sont les témoignages d’époque phénicienne et punique. Trois nécropoles des VII-Ve siècles au Nord-est de la cité, des V-IVe au Nord-ouest et celle plus récente située au Sud-est et remontant aux III-IIe s avant J.-C. Les sépultures ont livré un précieux mobilier funéraire qui renseigne sur les croyances et sur le genre de vie de la population et de ses activités.
De l’époque romaine, la plupart des édifices publics dateraient du IIe siècle après J.-C., les plus importants sont représentés par un forum, des thermes, un théâtre, un amphithéâtre, un cirque, un aqueduc, des temples, et surtout de somptueuses maisons dont la « Maison de la cascade », comprenant pas moins de 34 espaces entre pièces d’habitation, locaux communs, jardinets et autres dépendances qui s’ordonnaient autour d’un jardin entouré d’un péristyle. À côté de cette demeure se trouvaient la « Maison du trésor » et la « Maison de la chasse » qui était décorée d’un grand pavement reproduisant des scènes de chasse. La richesse de l'architecture domestique romaine est bien documentée à Utique, comme en attestent les structures d’habitation dégagées ; elles témoignent de la grande variété des pavements de mosaïque de ses maisons qui étaient d’une grande splendeur.
